Le mental au golf - Accédez à votre swing naturel
Publié le 30 octobre 2023

Au lieu de ça, nous avons tendance à jouer un très beau golf le samedi, et revenir le dimanche pour observer que c'est catastrophique et que plus rien ne va. Il faut alors tout reconstruire... Mais comment peut-on passer d'un swing naturel à un swing catastrophique en seulement 24 heures ? Et même parfois dans la même journée ? Et si 2024 était l'année de votre swing naturel ?
Nous avons tous trois swing possibles, qui correspondent à trois états prédominants chez chaque être humain. Vous avez sûrement déjà vécu cette expérience : vous n'arrivez pas à reproduire le swing du practice sur le parcours, ou les sensations que vous aviez lors de votre dernier cours avec votre pro. J'ai une très bonne nouvelle : c'est complètement normal, car vous n'êtes que des êtres humains ! Vous savez sans doutes que notre corps et cerveau ont une priorité : se sentir en sécurité. Et cela vaut aussi pour le golf, même si le vrai danger est rare sur un parcours.
Les dangers du golf sont liés à nos attentes, et ces attentes sont liées à notre ego qui déteste une chose par-dessus tout : souffrir. Il va rechercher à tout prix à éviter la souffrance. Or, la souffrance vient des écarts. Au golf, les écarts sont la différence entre ce que nous voulons faire et ce que nous faisons réellement. Et vous savez que nous passons la plupart du temps à ne pas réaliser ce que nous avons décidé de faire... Le golf est un sport qui peut être très frustrant, car nous passons notre temps à rater ! Ce qui engendre une souffrance – on est d'accord qu'elle est minime par rapport à d'autres souffrances – et surtout de l'insécurité ! Nous allons donc avoir trois swings différents en fonction du niveau de sécurité.
« Sécurité très faible, attention danger »
Dans le swing d'inhibition, nous allons retrouver tous les swing retenus, les grosses erreurs comme les slices ou les hooks commises pour éviter un danger, pas sur faute technique comme les débutants. Ce swing peut arriver lorsque vous êtes face à une situation très compliquée, ou alors si vous êtes mal préparé.
L'insécurité peut venir de l'extérieur ou de l'intérieur, d'où la nécessité d'avoir une routine efficace pour éviter de provoquer une insécurité interne à cause d'un manque de préparation ou d'informations. On peut le retrouver au putting également, où vous allez rester très court du trou. Cela arrive même chez les plus grands, comme le fameux putt de Tom Watson en 2009 au dernier trou de l'open britannique, qu'il ne s'est donné aucune chance de rentrer pour remporter le tournoi. On retrouve enfin ce swing dans un bunker ou sur un chip, lorsque vous ralentissez au moment du contact de balle. Tous ces swings d'inhibition sont liés à un état interne qui nous empêche de nous engager totalement.
Comment sortir de ce swing ?
- Travailler son swing pour avoir les ressources techniques qui nous permettent de mieux appréhender la situation,
- Bien se préparer dans sa routine et sa prise d'informations,
- Évaluer les conséquences si nous ratons et minimiser leur importance pour diminuer le danger,
- Réduire l'écart entre ce que nous savons faire et ce que nous faisons : Faites ce que vous savez faire !
« Sécurité menacée, répondre à une menace »
Dans le swing forcé, nous jouons dans un état d'excitation avec une forte dose d'adrénaline. On croise régulièrement des joueurs nerveux, avec des réactions émotionnelles fortes, qui passent directement dans cet état de swing si les résultats ne sont pas satisfaisants. Nous pouvons aussi entrer dans ce swing quand nous sommes confrontés à des situations menaçantes, comme passer un obstacle d'eau, sortir d'un bunker, taper une mise en jeu sur un fairway étroit, doser un long putt… L'adrénaline générée nous amène à faire plus afin de se mettre en sécurité. Nous le retrouvons régulièrement chez les pros lors du dernier tour, quand ils sont en tête du leaderboard et qu'ils se mettent à jouer pour « ne pas gâcher cette journée ». Ils passent à ce swing qui peut parfois amener de mauvaises surprises comme flyer les green ou finir dans un obstacle d'eau à plus de 300 mètres… Lorsque nous entrons dans cet état et que nous le subissons, il est important d'en sortir rapidement pour éviter d'enchaîner les erreurs et ne pas se retrouver fatigué nerveusement sur le parcours.
Comment sortir de ce swing ?
- Travailler sa gestion des émotions pour être au calme intérieurement,
- Travailler son relâchement pour ne pas être tendu avant de jouer,
- Prendre parfois un club de plus pour jouer plus relâché,
- Retrouver de la lucidité pour jouer juste en se détachant de l'enjeu.
« Sécurité forte, mon vrai potentiel golfique »
Nous retrouvons ce swing quand nous sommes totalement en sécurité, en connexion avec nous-même, nos sensations… Nous sommes dans un état de calme, de sérénité, qui nous permet de répéter un swing naturel et régulier. Nous pouvons entrer dans ce swing quand nous sommes au practice, ou lors d'une séance avec notre pro car il nous apporte cette sécurité avec ses conseils, ses ajustements et son oeil bienveillant.
Puis nous entrons dans ce swing dans certaines situations que nous maîtrisons, comme un coup ou un club que vous adorez jouer, ou comme de très petits putts. Un putt de 10 cm ne vous posera aucun problème mentalement car l'écart entre ce que nous voulons faire et ce que nous savons faire est très minime, donc aucune souffrance en vue.
Mais nous allons entrer dans ce swing aussi quand nous n'avons plus rien à perdre, car qui dit plus rien à perdre dit moins d'insécurité ! Donc vous pouvez entrer dans ce swing en fin de parcours quand votre carte est foutue et que le jeu revient naturellement, quand vous êtes dans les bois et que vous avez très peu de chances d'en sortir mais que la balle sort comme par miracle, ou sur un long putt que vous dosez à merveille car vous n'aviez aucune intention de le rentrer.
C'est un swing où vous êtes « dans la zone », « dans le flow », où rien ne peut vous arriver ! C'est votre swing naturel, de pleine confiance.
Comment rester dans ce swing ?
- Prendre plaisir en se détachant du résultat, car nous créons le résultat à partir de notre état,
- Respirer, ressentir, être à l'écoute de ses sens pour rester dans le présent,
- Réduire l'écart entre ce que nous savons faire et ce que nous voulons faire pour nous maintenir en sécurité,
- Si nous prenons un risque, l'assumer pour revenir ensuite à notre swing naturel.
Je le répète : nous passons tous régulièrement par ces trois swings.
La qualité de votre parcours en 2024 dépendra uniquement du temps que vous passerez dans chacun de ces swings. Plus vous passerez de temps dans votre swing naturel, plus vous progresserez et serez régulier. Alors, partez à la rencontre de votre swing naturel, de votre état de pleine confiance !
Article de Ludovic Leroux
Practice magazine #29
Préparateur mental de joueurs professionnels et amateurs (European Tour, Challenge Tour, Alps Tour…).
Deux victoires sur l’European Tour.
Deux victoires sur le Challenge Tour. Expert en neurosciences.
Connaître ses trois swings
Nous avons tous trois swing possibles, qui correspondent à trois états prédominants chez chaque être humain. Vous avez sûrement déjà vécu cette expérience : vous n'arrivez pas à reproduire le swing du practice sur le parcours, ou les sensations que vous aviez lors de votre dernier cours avec votre pro. J'ai une très bonne nouvelle : c'est complètement normal, car vous n'êtes que des êtres humains ! Vous savez sans doutes que notre corps et cerveau ont une priorité : se sentir en sécurité. Et cela vaut aussi pour le golf, même si le vrai danger est rare sur un parcours.
Les dangers du golf sont liés à nos attentes, et ces attentes sont liées à notre ego qui déteste une chose par-dessus tout : souffrir. Il va rechercher à tout prix à éviter la souffrance. Or, la souffrance vient des écarts. Au golf, les écarts sont la différence entre ce que nous voulons faire et ce que nous faisons réellement. Et vous savez que nous passons la plupart du temps à ne pas réaliser ce que nous avons décidé de faire... Le golf est un sport qui peut être très frustrant, car nous passons notre temps à rater ! Ce qui engendre une souffrance – on est d'accord qu'elle est minime par rapport à d'autres souffrances – et surtout de l'insécurité ! Nous allons donc avoir trois swings différents en fonction du niveau de sécurité.
1. Le swing d'inhibition
« Sécurité très faible, attention danger »
Dans le swing d'inhibition, nous allons retrouver tous les swing retenus, les grosses erreurs comme les slices ou les hooks commises pour éviter un danger, pas sur faute technique comme les débutants. Ce swing peut arriver lorsque vous êtes face à une situation très compliquée, ou alors si vous êtes mal préparé.
L'insécurité peut venir de l'extérieur ou de l'intérieur, d'où la nécessité d'avoir une routine efficace pour éviter de provoquer une insécurité interne à cause d'un manque de préparation ou d'informations. On peut le retrouver au putting également, où vous allez rester très court du trou. Cela arrive même chez les plus grands, comme le fameux putt de Tom Watson en 2009 au dernier trou de l'open britannique, qu'il ne s'est donné aucune chance de rentrer pour remporter le tournoi. On retrouve enfin ce swing dans un bunker ou sur un chip, lorsque vous ralentissez au moment du contact de balle. Tous ces swings d'inhibition sont liés à un état interne qui nous empêche de nous engager totalement.
Comment sortir de ce swing ?
- Travailler son swing pour avoir les ressources techniques qui nous permettent de mieux appréhender la situation,
- Bien se préparer dans sa routine et sa prise d'informations,
- Évaluer les conséquences si nous ratons et minimiser leur importance pour diminuer le danger,
- Réduire l'écart entre ce que nous savons faire et ce que nous faisons : Faites ce que vous savez faire !
2. Le swing forcé
« Sécurité menacée, répondre à une menace »
Dans le swing forcé, nous jouons dans un état d'excitation avec une forte dose d'adrénaline. On croise régulièrement des joueurs nerveux, avec des réactions émotionnelles fortes, qui passent directement dans cet état de swing si les résultats ne sont pas satisfaisants. Nous pouvons aussi entrer dans ce swing quand nous sommes confrontés à des situations menaçantes, comme passer un obstacle d'eau, sortir d'un bunker, taper une mise en jeu sur un fairway étroit, doser un long putt… L'adrénaline générée nous amène à faire plus afin de se mettre en sécurité. Nous le retrouvons régulièrement chez les pros lors du dernier tour, quand ils sont en tête du leaderboard et qu'ils se mettent à jouer pour « ne pas gâcher cette journée ». Ils passent à ce swing qui peut parfois amener de mauvaises surprises comme flyer les green ou finir dans un obstacle d'eau à plus de 300 mètres… Lorsque nous entrons dans cet état et que nous le subissons, il est important d'en sortir rapidement pour éviter d'enchaîner les erreurs et ne pas se retrouver fatigué nerveusement sur le parcours.
Comment sortir de ce swing ?
- Travailler sa gestion des émotions pour être au calme intérieurement,
- Travailler son relâchement pour ne pas être tendu avant de jouer,
- Prendre parfois un club de plus pour jouer plus relâché,
- Retrouver de la lucidité pour jouer juste en se détachant de l'enjeu.
3. Le swing naturel
« Sécurité forte, mon vrai potentiel golfique »
Nous retrouvons ce swing quand nous sommes totalement en sécurité, en connexion avec nous-même, nos sensations… Nous sommes dans un état de calme, de sérénité, qui nous permet de répéter un swing naturel et régulier. Nous pouvons entrer dans ce swing quand nous sommes au practice, ou lors d'une séance avec notre pro car il nous apporte cette sécurité avec ses conseils, ses ajustements et son oeil bienveillant.
Puis nous entrons dans ce swing dans certaines situations que nous maîtrisons, comme un coup ou un club que vous adorez jouer, ou comme de très petits putts. Un putt de 10 cm ne vous posera aucun problème mentalement car l'écart entre ce que nous voulons faire et ce que nous savons faire est très minime, donc aucune souffrance en vue.
Mais nous allons entrer dans ce swing aussi quand nous n'avons plus rien à perdre, car qui dit plus rien à perdre dit moins d'insécurité ! Donc vous pouvez entrer dans ce swing en fin de parcours quand votre carte est foutue et que le jeu revient naturellement, quand vous êtes dans les bois et que vous avez très peu de chances d'en sortir mais que la balle sort comme par miracle, ou sur un long putt que vous dosez à merveille car vous n'aviez aucune intention de le rentrer.
C'est un swing où vous êtes « dans la zone », « dans le flow », où rien ne peut vous arriver ! C'est votre swing naturel, de pleine confiance.
Comment rester dans ce swing ?
- Prendre plaisir en se détachant du résultat, car nous créons le résultat à partir de notre état,
- Respirer, ressentir, être à l'écoute de ses sens pour rester dans le présent,
- Réduire l'écart entre ce que nous savons faire et ce que nous voulons faire pour nous maintenir en sécurité,
- Si nous prenons un risque, l'assumer pour revenir ensuite à notre swing naturel.
Je le répète : nous passons tous régulièrement par ces trois swings.
La qualité de votre parcours en 2024 dépendra uniquement du temps que vous passerez dans chacun de ces swings. Plus vous passerez de temps dans votre swing naturel, plus vous progresserez et serez régulier. Alors, partez à la rencontre de votre swing naturel, de votre état de pleine confiance !
Article de Ludovic Leroux
Practice magazine #29
Préparateur mental de joueurs professionnels et amateurs (European Tour, Challenge Tour, Alps Tour…).
Deux victoires sur l’European Tour.
Deux victoires sur le Challenge Tour. Expert en neurosciences.