Le Mental en Golf - Comment gérer son mental… avec son corps ?


Publié le 15 juillet 2020

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L’état d’esprit du golfeur est directement lié à l’état interne de son corps. Il est donc possible – et recommandé ! – d’agir sur le second pour mettre le premier dans les meilleures dispositions.

Quand on parle de préparation mentale, on a tendance à penser tout de suite : « cerveau » ! On va donc chercher à améliorer nos capacités cérébrales pour être meilleur dans la concentration, la résistance au stress et aux peurs, la gestion des émotions. On a donc tendance à penser « cerveau, cerveau, cerveau… » Moi-même, préparateur mental, j’étudie depuis plus de dix ans le fonctionnement du cerveau pour aider mes clients golfeurs. Mais je dois vous avouer que depuis deux ans, mon avis a changé : j’ai réalisé que si vous souhaitez faire progresser votre mental, vous devez d’abord passer par le corps ! Les études démontrent que 80 % des informations vont du corps au cerveau, et seulement 20 % du cerveau vers le corps. Si l’on considère que le cerveau est le chef d’orchestre, le corps est celui qui lui donne les partitions, les notes pour jouer la mélodie. Par conséquent, si la musique ne vous convient pas, ne changez pas le chef d’orchestre, mais les partitions !

Donc votre « Mindset » (état d’esprit) est conditionné par votre corps, votre état interne ; et celui-ci est en grande partie lié au système nerveux autonome, qui s’occupe notamment de notre survie. Ces différents états internes font partie de ce que j’ai appelé notre « Ansset » (« Autonomic Nervous System Set », soit « état de notre système nerveux autonome »). Et notre Ansset va directement avoir une grande influence sur notre Mindset. Selon votre état interne, vous allez alors conditionner votre état d’esprit. Je suis sûr que cela vous est déjà arrivé de ne pas réfléchir, de vous mettre simplement devant la balle et taper un super coup, car vous le « sentiez ». Vous étiez dans le bon Ansset, et vous n’avez pas eu besoin de votre cerveau pour évacuer les doutes, les peurs, pour vous concentrer, vous détendre… Votre Ansset était dans le bon état, donc pas besoin du cerveau ! Voilà cinq points à travailler pour libérer la puissance de votre Ansset, et du même coup de votre Mindset.

La respiration

Considérez la respiration comme le frein et l’accélérateur d’une voiture : quand vous inspirez, vous accélérez, et quand vous expirez, vous freinez. C’est exactement l’impact qu’a notre respiration sur notre système nerveux autonome. Il l’aide à accélérer ou à ralentir, selon la situation. Pour avoir un bon Ansset, il faut définir si vous avez besoin de calme ou d’énergie, et adapter votre respiration en fonction. Si vous avez besoin d’énergie, faites une inspiration longue et une expiration courte et tonique. Inversement, si vous avez besoin de calme, faites une inspiration normale suivie d’une expiration longue, pour ralentir votre métabolisme et envoyer ainsi ces informations à votre cerveau pour vous calmer.

Les relations avec vos partenaires

Les études démontrent que la relation que vous allez choisir d’avoir avec les autres va directement impacter votre état interne. Choisir de créer des liens positifs avec vos partenaires va donc vous aider à être dans un bon Ansset. La compassion, l’entraide, les encouragements, le non-jugement, etc., aident à nous sentir en sécurité et en lien avec les autres, ce qui favorise grandement notre bon état interne. Cela va par exemple diminuer significativement les peurs liées à un mauvais coup.

Se détendre et s’étirer régulièrement

Cela permet de garder contact avec le corps et d’éviter d’être trop « dans la tête ». Notre état interne peut changer si nous percevons des douleurs, des tensions : elles vont créer de l’insécurité. Idem pour la fatigue en fin de partie, qui envoie au cerveau l’information que nous avons moins d’énergie : celui-ci va la prendre en compte pour augmenter notre attention, nous amenant à percevoir des dangers qui n’en sont pas forcément, ce qui va générer plus facilement du stress ! Par exemple : si vous devez faire un drive de 220 m au-dessus de l’eau, vous allez générer plus d’adrénaline si vous êtes fatigué. Cela risque d’entraîner un geste forcé ou incontrôlé, car vous avez généré trop d’énergie pour être sûr de passer.

Lâcher prise sur le score ou le résultat

Cela va conditionner directement votre Ansset : l’objectif ne devient plus ce que je dois faire, mais ce que je dois atteindre. Dès lors que vous vous focalisez sur le futur, vous allez déclencher une réaction d’insécurité du type « j’ai peur et suis incapable de savoir ce qui va se passer ». Au contraire, mettez-vous donc dans le bon état pour faire ce que vous avez à faire maintenant. Le but n’est pas de vous demander si vous allez atteindre votre objectif, mais de vous demander ce que vous devez faire pour l’atteindre. Sans oublier d’accepter que ça ne fonctionne pas à tous les coups.

Mâcher, gargariser, soupirer…

Tout cela va avoir un impact direct sur votre nerf vague, qui est un des principaux nerfs participant à freiner notre organisme, à le calmer. Vous pouvez donc adopter les soupirs intentionnels qui régulent le nerf vague, mâcher un chemin-gum, ou si vous êtes plus téméraire – mais tout en respectant l’étiquette – de vous gargariser en buvant. Cela va avoir un effet bénéfique pour influencer votre Ansset. Bien sûr, je vous conseille vivement les deux premiers ; quant au troisième, libre à vous de faire ce que vous voulez !

D’autres pratiques comme le yoga ou la méditation participent à impacter votre Ansset. Je ne peux malheureusement pas développer ici toutes les techniques, donc je vous partage celles qui sont les plus simples à mettre en place. Rappelez-vous, c’est votre Ansset qui conditionne votre Mindset. Alors prenez soin de donner les bonnes partitions à votre cerveau afin qu’il puisse vous aider à jouer la meilleure symphonie de golf !



Texte de Ludovic Leroux
Préparateur mental de joueurs professionnels et amateurs (European Tour, Challenge Tour, Alps Tour…). Deux victoires sur l’European Tour. Deux victoires sur le Challenge Tour.
Expert en neurosciences.